Les conseils de quartiers doivent passer à la vitesse supérieure et sortir de leur carcan.
Il faut commencer par féliciter la Ville, en particulier Oriane et Alexandra, qui ont beaucoup travaillé sur le sujet, pour avoir créé les « Conseils de quartier » à Velaux. Certes, la charte créée pour l’occasion portait déjà les germes de leurs limites à venir. Mais il fallait se lancer, et elles l’ont fait. Il aurait fallu ensuite faire un bilan, sérieusement, disons après 2 ans, pour adapter le dispositif et qu’il puisse prendre son envol.
A l’inverse, on a cherché à réduire l’amplitude potentielle des actions engagés dans ces Conseils de plusieurs façons.
- Chaque Conseil est « chapeauté » par un élu de la majorité, en principe habitant dans le quartier en question. Ce dernier point n’a pas toujours été le cas, l’élu est donc devenu non plus un habitant du quartier, mais un pur représentant de la Mairie. Il s’est progressivement adjoint un employé de la Mairie pour faire le suivi des points traités. Ce « chapeautage » a induit un réflexe de subordination qui n’a pas aidé les citoyens à s’autonomiser.
- La Mairie a voulu décider de ce qui pouvait être traité, ou non, dans les Conseils de quartier, avec des courriers écrits clairs sur le sujet, ou par l’intermédiaire d’animateurs, ce qui dans certains cas a révolté les participants, ou pire encore, les a canalisé dans un semi silence. Certains se sont alors détournés des Conseils de quartiers, par dépit.
- Les nombreux points techniques ou problèmes rencontrés n’ont pas trouvé de réponses, ou une réponse très tardive, après de nombreuses relances, ou des dérobades pour retarder le traitement, ce qui a eu pour effet de décourager une partie des participants.
- Les quelques rares projets que des citoyens ont proposé n’ont pas été repris par la Mairie de façon enthousiaste et positive, c’est le moins qu’on puisse dire. Aucun moyens, pas d’actions d’accompagnement, peu de rencontres avec les experts de la Mairie, et moyennant là aussi de nombreuses relances.
- Les « petits peu » qui ont pu être fait, obtenus, lancés, par quelques citoyens, n’ont jamais été valorisés dans les médias de la Mairie. Au contraire, cela a souvent été utilisé pour mettre en avant la Mairie et les élus, créant une très grande frustration chez les véritables acteurs de terrain.
Par ailleurs, les Conseils de quartier souffrent de quelques erreurs de naissance qui auraient du être réglées dans l’intervalle. Notamment :
- Le découpage initial ne correspondait pas à de véritables « quartiers », sauf dans certains cas assez rares, comme le centre ancien. Dans beaucoup de cas, les frontières décrétées ont rassemblé des zones n’ayant pas les mêmes spécificités. Rien n’a été fait pour que les habitants prennent en main une adaptation du découpage.
- Il n’y a pas eu de transparence sur les activités et compte rendus. Il avait pourtant été convenu que le site de la Mairie publierait ces comptes rendus, pour que tout le monde puisse les consulter, se faire sa propre idée, et le cas échéant, faire naitre le désir de venir participer. Ça n’a pas été le cas.
- Dans le même registre, alors que certains Conseils l’ont demandé, il n’y a pas eu accès à une page régulière dans le Velauxien, qui aurait été rédigée par les animateurs des Conseils et non par les services de la Mairie, pour communiquer sur les activités et projets.
- La relation entre les Conseils, au moins au niveau des animateurs, n’a pas été encouragée. Au contraire, les autorités sont revenu régulièrement sur le fait qu’un Conseil de quartier ne doit s’occuper que de ce qui concerne son quartier, à, l’exclusion de tout sujet plus global. Cette politique de dichotomique ne fait que limiter l’initiative et l’entraide.
- l’absence de réponses, ou les nombreuses relances nécessaires pour en obtenir une, ont créé une usure, voire une renonciation des citoyens.
- Les comptes rendus des différents Conseils devaient être publiés en ligne sur le site de la Ville. L’idée était bonne, et utile, et ça n’a jamais été fait.
- La relation s’est installée dans une logique de subordination, et de suspicion de miser sous contrôle, ce qui a découragé les bonnes volontés.
- L’organisation « en râteau », dans laquelle tout le monde doit se référer au chef pour prendre la moindre décision, aurait du être modifiée avant que tout le monde n’en comprenne (et ne subisse) les très étroites limites.
Il en ressort que l’organisation actuelle est de type « verticale » avec des mécanismes totalement archaïques. La communication est de bas en haut pour les demandes, et de haut en bas pour les autorisations et les réponses. Aucune visibilité sur ces flux pour les autres, aucun encouragement transversal.
Régner, diviser, compartimenter, décider de tout.
Le premier schéma qui suit décrit cette situation, en orange.
Le second, en vert, décrit une organisation de type « nodale« , vers laquelle il faudrait tendre. Les Conseils fonctionnent de façon autonome (j’y reviendrai plus loin), ils peuvent se créer tout seul, se mettre en relation avec d’autres Conseils pour des projets communs ou pour d’autres choses, le communication avec la Mairie est souple et transparente, dans des termes de confiance et de respect mutuel.

Il est donc temps de libérer les Conseils de quartiers.
Les libérer complétement.
En effet, on ne peut pas ouvrir les bras qu’à moitié, il faut les ouvrir en entier. Bien sur, cela comporte des risques pour le « pouvoir en place ». La perte de contrôle…. Mais il faut être courageux, la démocratie est à ce prix.
Il faut aussi se reposer la question de fond : la gouvernance des Conseils est elle dédiée à la mise en place et au maintien d’un pouvoir central, ou bien est elle un moyen décentralisé pour les habitants de s’exprimer et de bâtir ensemble des projets librement, en faisant appel à leurs qualités collectives ?
Pour moi, les Conseils de quartiers libérés pourraient fonctionner progressivement de la façon qui suit.
- Un conseil de quartier peut se créer tout seul, à l’initiative des habitants d’un secteur. Il se coordonne avec les Conseils proches.
- Il peut être coaché dans sa création par un autre Conseil.
- Un conseil de quartier décide s’il souhaite avoir un ou des représentants de la Mairie, ponctuellement, en permanence, ou pas du tout.
- Les Conseils de quartiers doivent se réunir régulièrement, il doit y avoir des comptes rendus de réunion, qui sont publics, dans un espace mis à disposition par la Mairie.
- Le suivi des actions (qui-quoi-quand-comment) dans un tableau lisible doit aussi être publié pour être consultable par tous.
- Les Conseils de quartier disposent d’un petit budget de fonctionnement, sans à priori sur leur utilisation. Cela peut être une ligne budgétaire de comptabilité analytique ou un budget séparé (à étudier techniquement)
- Ensuite, lorsqu’un projet est en train de se définir, il ne faut (surtout) pas que ce soir soumis à la décision des autorités. Il faut au contraire que le projet puisse être étudié sous toutes les coutures par les membre du Conseil, les agents de la Mairie, et les habitants. C’est à la suite d’une telle discussion que la décision doit être prise.
- L’état d’esprit doit changer, et les conseils doivent atteindre leur autonomie (à ne pas confondre avec l’indépendance). On pourra alors vraiment commencer à parler de citoyenneté.
VELAUX EST A VOUS
VELAUX EST A VOUS
